Résister et oser.
Oser changer
L’association SOS Amitié vient de faire état d’une augmentation de 25%, pour janvier-février 2015
par rapport à la même période en 2014, des appels en provenance de Franciliens angoissés.
Son interprétation : un sentiment d’insécurité accrue, depuis les drames de Charlie hebdo et de
l’Hypercasher , renforcerait toute angoisse personnelle, liée à la solitude et à la peur de l’échec.
Elément commun : la peur.
Une peur inconsciente qui nait, d’après l’imagerie médicale, dans une
partie de notre cerveau : le complexe amygdalien. L’amygdale gère les circuits de la peur en
décodant les stimuli (visuels, olfactifs, auditifs…) qui pourraient être menaçants pour l’organisme. En
focalisant notre peur sur un changement soudain ou un possible danger, elle est génératrice d’un
réflexe de survie : fuite, arrêt, camouflage…
Voilà pourquoi le statu quo ou la situation figée, même déplaisante, sont souvent préférés à tout
changement, perçu a priori comme dangereux.
Voilà aussi pourquoi une mauvaise nouvelle a dix fois plus d’impact qu’une bonne.
En effet, les médias, toujours à la recherche de la plus forte audience possible, ont un effet de loupe
sur l’actualité. Image après image, article après article, nous nous convainquons que notre époque
est une période barbare où s’affrontent des Mad Max de toutes origines. Bien loin d’un « bon vieux
temps » idéalisé, bâti autour de vagues souvenirs.
En réalité, tout examen basé sur les faits le prouve : nous vivons les temps les plus apaisés que
l’Histoire ait connus. L’espérance de vie comme le niveau économique moyen n’ont jamais été aussi
élevés. Trois milliards d’humains, d’après les prévisions de l’Onu, vont rejoindre la classe moyenne
dans les 15 prochaines années. Quant au nombre de victimes de conflits, nous sommes en réalité à
un niveau bas (face notamment aux dizaines de millions de morts liés aux conflits mondiaux du
XXème siècle).
Malheureusement, on l’oublie vite car, de mémoire de rose, on n’a jamais vu mourir
de jardinier.
Toutes nos sources d’information entretiennent, à qui mieux mieux, les pics émotionnels et les
addictions à l’actu-trash… En généralisant de pseudo-évidences, en multipliant les amalgames, en
agrégeant, dans le même laps de temps, mille faits sans rapport, elles dépeignent des sociétés au
bord du suicide.
Pareil contexte médiatique ne peut que décourager davantage des individus déjà fragilisés par
ailleurs.
D’où la tentation, chez quelques-uns, de renoncer à tout, y compris au désir de vivre, et à bien
d’autres, de jouer l’autruche, la tête dans le sable, pour ne plus rien voir ni entendre.
Mais n’y a-t-il pas d’autre choix, pour ceux-là, que de fermer les volets, se barricader derrière ses
certitudes et s’isoler du monde ? Pour remâcher à l’infini les causes supposées de ses
insatisfactions.
Ne vaut-il pas mieux, au contraire, trouver rapidement les clés de la prison que l’on s’est soi-même
construite ?
Face aux peurs inconscientes qui nous paralysent ou nous retardent, admettons tous qu’un
accompagnement est souhaitable pour revenir dans le réel, poser un regard objectif sur notre contexte, regarder devant, valider ses attentes et s’engager pleinement dans un nouveau projet personnel.