La vie est apprentissage de la métamorphose.
Les chapitres se succèdent, l’expérience nous traverse, travaille, transforme, opère la mutation.
La vie se déroule comme une mélodie, symphonie, ouverture, andante, allegro, piano, pianissimo.
Suivre le rythme naturel de la mélodie de la vie telle qu’elle se présente à nous.
Se laisser couler avec fluidité dans la vague qui roule et se déroule.
Les chapitres, alors, s’ouvrent et se ferment, avec douceur.
J’ai quitté le monde de l’enfance insouciante, de l’adolescence et de ses troubles, de la femme féconde et de ses joies , je suis entrée dans la maturité pleine ,assumée, et je vais bientôt devenir une vieille femme, sage, douce,(j’espère!..) puis une très vieille femme encore plus pleine de sagesse et qui préparera sa grande transition.
J’ai enterré chaque fois la femme que j’étais pour renaître à une autre personne, pas tout à fait la même, pas tout à fait une autre… Toujours en chemin vers l’essentiel de son être. Chaque étape a été, à la fois, source de questionnements, d’incompréhensions, de joies, de mille bonheurs et la constatation toujours émerveillée de ce qui se jouait , indépendamment de ma volonté: Une sonate avec ses thèmes, ses infinies variations, sa structure en boucle qui ré-ouvre à chaque fois à un autre niveau.
La vie fait mal, très mal lorsqu’on refuse cet ordre de la nature, lorsqu’on tente de nager à contre-courant Surtout ne pas résister, accepter, toujours s’émerveiller sans questionner. Le vieillissement est affaissement, adoucissement, arrondissement souvent(!…), parfois assèchement et amaigrissement; quoiqu’il en soit , acceptons ce que notre corps traverse au risque de devenir des concrétions pierreuse rigidifiées dans une vaine tentative d’arrêter le temps.
Refuser de mûrir et de vieillir c’est en somme refuser d’être humain! C’est refuser et tenter vainement de lutter contre le flux naturel des vagues du temps qui passe. Si nous n’acceptons pas, nous devenons des statues rigidifiées et liftées au bord du vide, en proie au désespoir devant l’inéluctable.
Oh certes, ce n’est pas facile de quitter chaque pays, c’est dur de quitter la jeunesse, c’est dur de quitter l’épanouissement féminin, chaque fois je suis passée par une mort et une renaissance, j’ai clôturé un chapitre, je ne savais pas où j’allais ; peur… doutes… oui mais chaque fois j’ai réussi à changer de formes, d’état, chaque fois je me suis humanisée, chaque fois je suis entrée dans une plus grande richesse. Alors, je fais confiance encore une fois aux transformations qui m’attendent.
La vie est école de la métamorphose, faîtes confiance à la métamorphose. Notre passage sur terre est un voyage initiatique qui de mort en renaissance nous conduit vers l’essentiel de notre être.
Chaque passage bien vécu, accepté du début à la fin est le présage d’un bon passage à venir.
C’est lorsque nous refusons cet ordre, lorsque nous prétendons lutter contre le temps ou refusons d’abandonner ce qui n’est plus à l’ordre du jour, lorsque nous nous accrochons au passé, aux amours défuntes, lorsque nous n’arrivons pas à abandonner un pays où nous n’avons plus de domicile… que nous commençons à souffrir. Combat aussi vain et épuisant que de tenter de remonter la rivière à contre-courant.
Je regarde les nuages, j’observe les variations subtiles de la rivière qui coule doucement, je suis admirative de l’automne qui nous a rejoint et annonce le printemps prochain…et je sais que j’ai commencé l’ascension vers l’essentiel de mon être, ce pays où le superflu n’a plus cours, où toute vanité est inutile et où seuls comptent la main tendue, le regard d’un enfant, l’amour inconditionnel des miens et des autres…
Martine