Femmes en tête et Femmes de Tête
« C’est une première historique ! », selon Hervé Le Bras, démographe célèbre et auteur d’un essai tout récent titré « Anatomie sociale de la France ». L’évènement en question est l’inversion rapide des niveaux d’éducation entre hommes et femmes.
Dans la génération des 50-60 ans, la proportion de diplômés était la même pour les deux sexes (22%). Pour les 20-30 ans, ce sont désormais les femmes qui dominent, 49% d’entre elles étant titulaires d’un diplôme universitaire contre 39% pour les hommes. Leur niveau de formation dépasse maintenant, de manière significative, celui des hommes.
Ce renversement considérable ne s’est pas encore traduit dans la réalité sociale, contrairement à ce qu’aurait pu laisser espérer notre système méritocratique fondé sur le diplôme. Comme le souligne D. Fortin, le journaliste des Echos, dans son analyse de l’ouvrage d’Hervé le Bras, la position des femmes dans l’entreprise, l’administration ou plus encore dans la politique, n’est nullement à la hauteur de leurs caractéristiques sociologiques. Pour leurs revenus non plus, puisqu’une étude Insee montrait en 2014 que trois femmes sur quatre gagnent moins que leurs conjoints.
Déclassement social et rebond
En plus du « plafond de verre » fréquemment constaté dans les évolutions professionnelles des femmes, il s’y ajoute, depuis deux décennies et pour les deux genres, une décorrelation croissante entre diplôme et emplois.
« La forte élévation du niveau éducatif entre 1975 et 1995 n’a pas trouvé de débouchés sur le marché de l’emploi, entrainant déclassements à tous les niveaux, chômage, précarité et absence de perspectives de carrière » souligne H. Le Bras. Du coup les situations avantageuses restent aux plus anciens, très majoritairement masculins.
Mais ce tableau social si contrasté, en matière d’égalité hommes-femmes, n’est pas définitivement désespérant pour les femmes. D’abord parce que, dans les jeunes générations, une majorité d’hommes considère normal d’être sous les ordres d’une femme plus compétente qu’eux. Mais aussi dans la tranche d’âge au-dessus : les quadragénaires féminines. On relève chez elles une vague croissante de reconversions, de changements de trajectoire professionnelle, de remises en cause de déterminismes sociaux et familiaux. Des renaissances bien plus fréquentes que chez les hommes de même génération.
Dès lors qu’elles ont trouvé un point d’appui bienveillant ou un accompagnement adapté, même très temporaire, elles savent rebondir avec une énergie admirable. C’est le constat répété que je fais depuis une dizaine d’années et je constate que ce phénomène s’accélère et s’amplifie : en 2016, les femmes, arrivées a la quarantaine veulent s’affranchir, prendre le lead, sortir souvent du lien de subordination et devenir le boss, ou chercher coûte que coûte a retrouver le chemin de la reconnaissance de leurs compétences et de leur valeur .
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